17 juin 1940 : le discours du nouveau chef du gouvernement, le maréchal Pétain, est diffusé sur les ondes de la radio française. Il défend l'armistice. « C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat…»
18 juin 1940, radio Londres sur les ondes de la BBC diffuse une déclaration du général Charles de Gaulle, héros de la grande guerre.
« Le bon sens, l'intėrêt supérieur de la patrie, commande à tous les français libres de continuer le combat là où ils sont et comme ils pourront…
Vive la France libre, dans l'honneur et dans l'indépendance. »
L'appel du 18 juin du général de Gaulle, à la mobilisation des compétences et à la résilience des français, a été diffusé en plusieurs versions et entendu, résonnant au coeur de quelques volontaires en zone occupée. Parti d'Audierne puis de l'île de Sein le 19 juin 1940, le Dundee Ar Zénith embarque 141 hommes pour Plymouth. Le caseyeur cotre ponté Corbeau des mers appareille le 26 juin 1940 avec 28 hommes à bord…
Le 3 juillet 1940 au Pont de la Corde près de Morlaix, 32 hommes de 15 à 24 ans embarquent sur le Pourquoi-pas, un sablier de 8,50 mètres appartenant à Jacques Guéguen.
Mais qui est Jacques Guéguen pour baptiser son propre bateau Pourquoi-pas ?
Né en 1876 à Henvic, ce marin expérimenté navigue dans ce début du XXe siècle tourné vers l'exploration des pôles nord et sud. Compagnon de route de la première heure du Commandant Jean-Baptiste Charcot dans ses aventures sur le Français et le Pourquoi-pas, ce marin chevronné prend sa retraite en 1936 dans sa petite maison du Pont de la Corde, il a 60 ans. Signe du destin, il apprend la même année le Naufrage du Pourquoi-pas ?...
Jacques Guéguen devenu pêcheur à Henvic, n'en est pas à son premier convoyage vers l'Angleterre afin de permettre à de jeunes français résistants de s'engager dans les Forces françaises libres terre, mer, air ou à des aviateurs survivants abattus en vol, de rejoindre leur base. Habitué à anticiper, à vivre et à gérer le danger à la mer comme à terre, Jacques Guéguen emmène l'un de ses fils et son neveu dans cette traversée de la Manche qui se termine le 5 juillet au port de Falmouth, port des Cornouailles en Angleterre. Cette histoire d'hommes s'inscrit dans le mouvement de l'histoire qui a permis de compter 70 000 combattants dans les Forces françaises libres. Jacques Guéguen est fait Chevalier de la légion d'honneur, titulaire de la croix de guerre avec étoiles d'argent. En 1957, il s'éteint à 81 ans.
En ces temps troublés, de conflits et de guerres sur de nombreux théâtres d'opérations, la géopolitique révèle un nouvel ordre économique et politique mondial. Dans ce contexte, le souvenir prends tout son sens pour les citoyens français, européens et citoyens du monde. L’équilibre des forces, la dissuasion, autant de thèmes d'actualités qui appellent à réfléchir sur le sens et les vertues du devoir de mémoire.
Le 3 juillet dernier à l'initiative de la Fondation de la France Libre, de la mairie d'Henvic avec le concours de l'Institut Français de la mer de Bretagne occidentale et du Musée maritime de Carantec, une plaque commémorative à été dévoilée, rappelant le départ pour l'Angleterre le 3 juillet 1940, de 32 jeunes hommes du Finistère pour défendre la liberté grâce à l'engagement et à l'expérience maritime de Jacques Guéguen.
© Eric Berthou
Une délégation de la section Finistère de la fédération nationale du Mérite Maritime participait à ce moment d'hommage et de recueillement.