Créée en 1980 en délégation de service public, la société d'aviation civile Héli-services intervient sans délai en SAR sous l’autorité des préfets maritimes des régions maritimes de l'Atlantique et de la Manche. Si l'entreprise est nouvelle, son offre de services est opérationnelle dès la première mission grâce à un équipage aguerri issu de l'aéronavale.
L’Alouette III premier hélicoptère d'héli-services n'est pas une nouveauté pour le chef pilote Jean Debroize et son équipage. L'aéronef est un monoturbine construit par Sud Aviation. Jugé inadapté en capacité d’emport, il est rapidement remplacé par un Sikorsky S 58 T moyen porteur biturbines, une évolution du S 58, équipé à l'origine d’un moteur Wright à pistons et 9 cylindres en étoile. Treuilliste à Héli-services dès 1980, Christian Wozniak « dont l'habileté et la rigueur sont déterminantes dans la réussite de nombreuses missions selon les termes de son chef pilote », arrive avec une longue expérience de mécanicien, de plongeur et de treuilliste, acquise au fil du temps sur plusieurs modèles d’aéronefs lors de missions embarquées ou à terre.
Christian Wozniak témoigne :
Cinquante-cinq missions, 74 personnes secourues : ce bilan de la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic pour la seule année 1979 est non seulement impressionnant mais significatif du rôle sans cesse accru de l’hélicoptère dans les missions de sauvetage. La même année, les bâtiments de surface assuraient trente-cinq missions et secouraient 63 personnes. Pour ces missions, un sigle : Sar (search and rescue*) désigne deux moyens principaux d'interventions sur la façade atlantique :
les avions de patrouille maritime, à long rayon d’action (Atlantic, Neptune) de la base de Lann-Bihoué et les hélicoptères de la base de Lanvéoc-Poulmic (Alouette III, Super Frelon, Lynx), à la pointe du Finistère.
Chez Héli-services, trois types d’hélicoptères se sont succédés de 1980 à 1995, Allouette III SA319, Sikorsky 58T et Dauphin SA 365N2, pour mener à bien les missions. Si la technologie progresse avec l'arrivée d'un nouvel aéronef, sa mise en œuvre pour la mise en condition spécifique des survols maritimes s'accompagne d'une recherche d'amélioration continue. Son adaptation entraine parfois des améliorations techniques et d’entretiens, notamment sur les ensembles mécaniques exposés à des conditions sévères d’utilisation en milieux salins. Les équipements de secours comme les treuils par exemple avec un cable en inox de 50 à 90 mètres, nécessitent un entretien spécifique afin d'optimiser leur fonctionnement, leurs fiabilités, leurs durées de vie. On peut noter que le treuil électrique s'est imposé pour sa souplesse d'utilisation, en comparaison des précédentes solutions pneumatiques et hydrauliques. L'appareil au point, la force de l’expérience est dans la capacité de l'équipage à évaluer la faisabilité d'une opération de sauvetage et ses modalités opérationnelles sur zone. Fort de cette expérience acquise sur différents hélicoptères en situation d’assistance, de sauvetage, de travail aérien ou de transport public, l'équipage d'héli-services réalise avec succès des centaines de missions. Bien que régulièrement salué par les plus hautes autorités de la Marine nationale pour sa disponibilité opérationnelle à plus de 90%, le rapport qualité prix du service proposé est remis en cause lors d’une évaluation comptable des politiques publiques, annonçant la fin d'une aventure technique et humaine hors normes, au bilan pourtant éloquent.
Après 15 ans de service, Jean Debroize chef pilote et directeur de l'exploitation de la société Héli-services, dresse un bilan factuel issu des carnets de vol de cette entreprise basée à Cherbourg, Le Touquet, puis La Rochelle afin de pouvoir déployer les moyens d'intervention techniques et humains en un temps record. De la dépose et repose de l’archange Saint Michel, aux missions de sauvetage dans le golfe de Gascogne en passant par l’embarquement des pilotes hauturiers sur les supertankers à l'approche du port du Havre-antifer, Héli-services affiche une remarquable efficacité dans les missions réalisées, grâce à l’expérience et à la solidarité de frères d'Armes de ses équipages acquises dans l’Aéronavale.
1274 pilotes hauturiers déposés à bord, 1283 navires assistés ou secourus, 12672 passagers transportés.
L’auteur, Dans son ouvrage « l’Hélico de Maupertus » Jean Debroize dénombre en 1995, dernière année d’exploitation, 460 missions de sauvetage et d'assistance conduites pour sauver des vies humaines. Le 31 12 1995, l’équipage de la 35 F de la Base Aéronavale d’Hyères de la Marine nationale, prend la relève d’Héli-services, dans le cadre de l'action de l’état en mer.
© Eric Berthou
Pilote d'avion dans l'aéronavale, le capitaine de corvette, Jean Debroise est devenu expert aéronautique au terme d'une longue carrière.
Pilote et Chef de mission en Guyane Française (Société Héli-Ouest), Chef-Pilote et Directeur de l’Exploitation d’Héli-Services (Groupe Transair),
Breveté Plongeur de bord de la Marine nationale (1974), Jean Debroise est :
- Chevalier de l’Ordre National du Mérite (1982)
- Chevalier du Mérite Maritime (1995) • Médaille du Courage et Dévouement (1994)
Auteur de « Sauvetage en mer – l’hélico de Maupertus » éditions JPO (2015).