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Ouest-France du dimanche 26 juin 2016 - Edition de Concarneau Concarneau.
Jean-Robert Tanguy, un chevalier de la mer " Samedi,
sur le thonier Pendruc en partance pour l'Afrique, le chef mécanicien de Moëlan-sur-Mer,
après une vie de marin, a été fait chevalier de l'ordre du national du Mérite
maritime. Ils étaient
tous les là, les anciens commandants au long cours de l'association des médaillés
de l'ordre du Mérite maritime de Concarneau. Tous là pour dire leur reconnaissance
à l'un des leurs pour sa vie de marin sur toutes les mers du globe. Samedi
matin, à bord de l'imposant Pendruc, le dernier né de la Compagnie française du
thon océanique, Jean-Robert Tanguy, chef mécanicien à retraite, avait de l'émotion
serrée au cœur. Et des larmes lourdes de souvenirs, comme si soudain, perlaient
au bord des yeux, les 36 ans et demi passés à parcourir les mers. En
escale retraite depuis 2009 à Moëlan-sur-Mer, Jean-Robert Tanguy aura passé une
grande partie de sa vie dans les tréfonds palpitants et bruyants des navires.
Réglant, surveillant, réparant les moteurs dans la salle des machines. " Un métier
dur, passionnant, où parfois le bruit ressemblait au rugissement d'un moteur de
2 CV poussé à fond, dit-il. Il fallait toujours avoir l'oreille ouverte. Même
la nuit, au repos. Sur le qui-vive pour détecter la moindre anomalie ". De
sa vie, Jean-Robert Tanguy en aura fait un parcours. Et bâti une carrière à coups
de volonté et de ténacité. Pêcheur de goémon dès l'âge de 12 ans du côté de Brigneau,
marin-pêcheur au chalut le temps d'un éclair, ouvrier mécanicien jusqu'à la trentaine,
puis officier mécanicien au long cours, il aura connu pas moins de " 56 bateaux,
26 ports français et 64 ports étrangers en escale et huit chantiers navals ".
" Quand j'arrivais sur
un nouveau bateau, il fallait tout réapprendre. Les moteurs, l'électricité, tout
était différent, glisse-t-il. Il fallait parfois
démonter tous les planchers pour chercher les circuits d'eau et d'électricité.
C'était difficile. Le bateau, il fallait le faire naviguer. Être compétitif. Parce
que s'approcher des plateformes pétrolières à quelques centimètres pour charger
ou décharger du matériel, c'est très dangereux. " Jean-Robert
Tanguy aura connu toutes sortes de navires, sauf les thoniers. Des immenses pétroliers
au minéralier, de la frégate anti-sous-marine au brise-glace Astrolabe, des bateaux
de remorquage et de cabotage à ceux de la pêche. En 1978, à bord du Ventuse, il
participera même au sauvetage de 14 marins chinois dont le bateau avait coulé
lors d'une tempête. Samedi, décoré, le chef mécanicien a retrouvé sa maison de
Moëlan-sur-Mer, son jardin de marin au long cours, ses collections de timbres
et documents maritimes. Le
Pendruc, lui, a largué les amarres samedi soir, à 21 h. Le port de Concarneau
vient de tourner une page. |