Démolition de navires
L'ILLUSTRATION du 28 juillet 1934 La carrière d'un navire: Du berceau au tombeau par Raymond LESTONNAT. Extrait Il prend la mer, brillant, pimpant, fleurant bon le vernis au tampon et l'émail qui glace les parois des aménagements; les cuivres étincellent, le ronronnement rythmé de ses moteurs, le battement régulier de ses hélices témoignent de la puissance de ses organes; sa bonne tenue sur les lames est l'indice de sa parfaite stabilité; ses pavillons hissés à bloc en tête de mât claquent au vent; il sent qu'il est l'orgueil de son maître. mais lorsque l'âge mûr arrive, son allure se ralentit et devient plus solenelle, son ardeur premier décroit, et sous le fard de la peinture les crevasses apparaissent: bientôt il ne sera plus que second de la flotte de sa compagnie. Il n'en a pas pour longtemps à faire encore figure de paquebot: On le vendra quelque jour. Les navires ont une vie comme les êtres, et comme eux ils vieillissent. Or, rien n'est plus triste que cette lente déchéance contre laquelle les soins les plus attentifs ne peuvent rien; quoi qu'on fasse, un jour viendra où, allégés de leurs roufs, vidés de leurs eménagements, ils transporteront du café du Brésil ou de la pâte de bois de Norvège, du vin d'Algérie ou des billes d'acajou de la Côte Occidentale d'Afrique: ils deviendront saisonniers. Si le paquebot déchu à la vie dure, peut être descendra-t-il plus bas encore: il deviendra charbonnier, mendiant de fret, vagabond du trafic, jusqu'à la ruine complète. Ce jour-là on l'enverra à l'abatoir, à l'ouvert du port, sur la plage, où l'on échoue les épaves brutalement pour faciliter la besogne des démollisseurs qui les massacrent à coups de masse: son squelette se dressera quelques temps encore avec son enchevêtrement de tôles rouillées et les plaies informes de ses flancs; alors sera dressé l'acte de décès sur les registres d' "état civil"... Et son seul espoir d'échapper à cette fin misérable est que quelque autre bateau étourdi le coupe en deux et l'envoie au fond, quelque part, mourir de sa belle mort dans la nuit abyssale.
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Analyse stratégique Age & durée de vie des Navires La problématique de l’âge des navires Dans les médias et dans l’opinion, les choses sont simples : on ne dit pas qu’un navire est âgé, on dit qu’il est vétuste, tant est évidente l’identification entre navire âgé et navire dangereux. Celui qui utilise, en tant qu’armateur, affréteur ou chargeur, un navire de plus de 10 ou 15 ans d’âge est réputé prendre un risque. En cas d’accident sa responsabilité sera recherchée, et de ce seul fait considérée comme aggravée. Les mesures prises à l’encontre des navires âgés en vue de prévenir ou de maîtriser leur utilisation du seul fait de leur âge sont nombreuses, et émanent de nombreuses parties prenantes du transport maritime. Ces comportements, selon lesquels un navire tend à être placé sous haute surveillance ou mis à l’écart à partir d’une tranche d’âge de 15 à 25 ans, proviennent presque exclusivement de deux opinions dominantes : le navire pétrolier est considéré comme pollueur potentiel de la mer et surtout du littoral, et, dans des milieux plus restreints, le navire vraquier est susceptible d’accidents de structure entraînant sa ruine en peu de minutes. Ils sont, ne serait-ce qu’à ces deux titres, largement rationnels. Ils devraient toutefois être confrontés à d’autres considérations, moins frappantes en termes d’impact médiatique et politique. La durée de vie d’un navire s’étend, sauf accident entraînant sa perte totale, de sa mise en service à son envoi à la casse. Cette définition évidente fait apparaître le rôle clé de la décision de mise en démolition. Les éléments déterminants de la durée de vie sont examinés dans cette Analyse statégique élaboré par Louis Le PENSEC, Avocat à la cour et Ancien Ministre de la Mer, et Henri PINON, Consultant en Sécurité Maritime. Avec l'autorisation des auteurs Pour lire l'analyse stratégique
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Démantèlement de navires de l’Etat et des épaves du littoral, des plans de pêche, et des navires de commerce Point n’est besoin de se focaliser sur un navire emblématique et très médiatisé qui n’est qu’un révélateur. Des épaves de toutes tailles parsèment nos côtes. Certaines ne sont plus remorquables à l’image d’un sablier et de chalutiers (Finistère Nord) Des unités plus importantes ne sont pas rares telles le Winner (Brest ) , le Saône (ile du Levant), deux LCT (St Mandrier). Ces navires très dégradés doivent être une priorité. Des coques étant difficilement remorquables vers un pôle de démantèlement, leur démolition in situ est la plus sûre et la plus économique. Les solutions techniques qui préserveront les personnels et l’environnement sur ces sites ne présentent pas de difficultés particulières. Par contre, face à l’hypocrisie installée devant les problèmes des navires peints ou contenant de l’amiante les autorités doivent ouvrir les yeux et fermer les chéquiers aux « fabricants d’usines à gaz ». Les organisations écologistes elles aussi doivent s'impliquer "sans complexes" et soutenir les entreprises locales tout en jouant leur rôle de préservation de l'environnement. Aucune entreprise aussi sérieuse soit-elle ne peut prétendre qu’elle effectuera un désamiantage complet d’un navire. Personne n’ira ouvrir toutes les mailles sèches pour enlever l’amiante « à la brosse à dents ». Personne ne prendra un câble électrique d’un bout à l’autre pour enlever toute la peinture amiantée. De même, personne ne peut prétendre trouver quantité d’hydrocarbures dans une coque rincée à chaque marée depuis des années et « vendre » la confection d’un couteux batardeau qui ne sert à rien. (Ce navire ayant servi pendant des années aux exercices des pompiers). La réglementation « amiante navires » qui découle du BTP n’est donc pas réellement adaptée à cet environnement particulier. Est-il nécessaire d’établir un plan amiante pour des joints d’échappement ? Est-ce raisonnable ? Un peu de bon sens et quelques précautions suffisent peut-être ? Tout simplement ! Il est absolument nécessaire de respecter tant les travailleurs affectés à ces tâches que l’environnement mais il est tout aussi nécessaire voire impératif que les administrations concernées admettent ces faits tels qu’ils sont et qu’un peu de souplesse est bienvenue faute de quoi personne n’est à l’abri d’un nouveau scandale comme celui où de l’amiante a « disparu » entre Toulon et Bellegarde. Les outils, les technologies, le savoir-faire existent en France et cela peut générer des activités créatrices d’emplois. Face à une concurrence mondiale il devient impératif que chaque partie concernée y mette du sien faute de quoi des délocalisations se feront encore. Cette activité durera quelques années, le temps de résorber le « stock » de navires de l’Etat, des plans de pêche et pour la pérenniser, un outil industriel doit être préservé. Une erreur ; une « faute grave » a été de vendre le plus gros dock flottant d’Europe aux Bahamas . Ce dock appartenait à un port qui se veut un grand port et qui n’a plus d’outil pour réparer des navires de bon tonnage. Faute aussi d’une vraie politique maritime d’un pays qui se targue d’avoir cinq mille kilomètres de côtes. Cet outil existe encore en Bretagne il est temps de le préserver, de le développer avec souplesse avec la participation de la Marine. Les groupes, les industriels souhaitant s’impliquer dans cette activité doivent se séparer de leurs « usines à gaz »générant des textes propres à décourager un « Goncourt » qu’ils ont longtemps vendues à l’état, aux collectivités, aux entreprises. Ils ne font qu’accroitre les coûts et faciliter les débordements. Souvent des appels d’offre reviennent infructueux à cause du dépassement de l’enveloppe initiale. Une alliance ponctuelle et officielle des parties intéressées et non une entente officieuse est tout aussi impérative. Personne, aucun groupe, aucune entreprise ne pourra tout réaliser. Une maîtrise d’œuvre indépendante, rigoureuse de contrôle existe déjà. Faute de quoi les atermoiements, les surcoûts grèveront les budgets et la délocalisation se fera. Une fois encore une occasion aura été manquée. E. Godillon Consultant |
Démantèlement des navires au Grenelle de la Mer A l'issue des différentes réunions du Grenelle de la mer, il a été décidé la mise en place d'une filière française de démantèlement des navires civils ou militaires en fin de vie. Un responsable en charge du dossier sera nommé prochainement.
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Les bateaux de pêche
En Bretagne, certains bateaux de pêche prennent une retraite bien méritée sur les ronds-points de communes littorales, d'autres finissent dans des cimetières de navires.
Chalutier Thierry Alain, périphérie de Pont l'Abbé
Cimetière de bateaux de Douarnenez
En ce qui concerne les paquebots, super-pétroliers et porte-conteneurs nous manquons peut être de place, puisqu’on les retrouve sur les plages indiennes en attente de démolition. Il arrive qu’un de ces bâtiments ne veuillent pas mourir et effectue presqu’un tour du monde pour revenir au pays qui l’a vu naître. Le « Blue Lady», ex « Norway », ex « France » lui, n’a pas la chance du « Clémenceau », Sardou a chanté: « Ne m’appelez plus jamais « France », la France elle m’a laissé tomber », il patiente sur la plage d’Alang que les ouvriers indiens armés de leur chalumeaux veuillent bien s’occuper de son sort . Il a transporté des milliers de passagers et de nombreux marins ont embarqué à son bord, mais ce n’est pas une circonstance atténuante qui pourrait lui valoir un sursis Il n’est pas le seul a être dépecé ainsi et ne sera pas le dernier. Les navires, comme les humains, ont une vie, c’est ce qu’écrivait Raymond LESTONNAT.
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Le Blue Lady
Blue Lady (ex Norway, ex France) sur la plage D'alang
Comme vous pouvez le constater sur la photographie précédente, le mât radar a été enlevé. Le paquebot est maintenant muet, mais vous pouvez entendre la sirène du France en cliquant ci-dessous |
Le croiseur Colbert
Le colbert à l'entrée du goulet de Brest en route vers le cimetière de navires de Landévennec
Le Q 790 ex porte-avions Clémenceau
Le Départ
3 février 2009 - 13 h 30 Le Q 790 franchi pour la dernière fois la pointe du Petit Minou à la sortie du goulet de Brest. Le tribunal administratif de Rennes ayant donné le feu vert pour son départ vers Hartlepool. |
Le Q 790 à la remorque du Anglian Earl |
30 janvier 2009 Le remorqueur britannique "Anglian Earl qui doit conduire le Q 790 vers la démolition, est arrivé à Brest. Les préparatifs pour l'appareillage ont commencé mais le tribunal administratif de Rennes doit examiner (lundi à 14 h 30) la demande de suspension du transfert déposée par l'association AE2D. |
Q 790 ex Clémenceau à l'épi porte-avions du port militaire de Brest 20 janvier 2009 Le Q790 ex Clémenceau est toujours en attente de départ vers le chantier de démolition. L'arrivée de son remorqueur n'est pas encore annoncée. Dernière épisode, la marine lui a fait subir un dernier lifting à la demande des autorités anglaises qui ne souhaitent pas hériter dans leurs eaux de coquillages envahissants Des plongeurs ont gratté la coque pour la débarrasser des crépidules qui y avaient trouvé refuge, cela au grand dame des associations écologiques.
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Le retour du Clémenceau à Brest
Le gouvernement a confié le démantèlement du Q 790 à la Société britannique Able U.K Ltd. Le chantier de démolition est situé au port de Seaton sur la rivière Tees près de Hartlepool.
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Le départ de Brest du Q790 pour Hartlepool n'est pas encore programmé. - Il manque, l'autorisation de transfert des administration britanniques et françaises. - La cale sèche qui doit recevoir l'ancien porte-avions n'a plus de portes depuis une vingtaine d'années et sa remise en état vient seulement de commencer. - Une association britannique "Friends of Hartlepool" a engagé une procèdure judiciaire devant la Haute Cour de Londres pour contester la dérogation d'importer des produits dangereux délivrée par la Health and Savety executive. Alors! Partira - partira pas? |
Landévennec
Le cimetière de navires de Landévennec. Navires en attente de démolition
fevrier 2011- © Photos Daniel Jégou Le croiseur Colbert encadré par le Duperré sur babord et la Galisonnière sur tribord |
Février 2013
- degradation des coques au fil du temps |
l'ex
frégate Tourville sera bientôt rejointe par les frégates De
Grasse et Georges Leygues qui seront désarmées en 2013 |
Le
service de soutien de la flotte a lancé depuis le 14 septembre 2012 un
appel d'offre pour la démolition de l'ex Colbert et de la coque Q 860,
ex Jeanne d'Arc. Cette dernière sera-t-elle livrée aux anglais? |
12 juin 2014 - Le Colbert et la Jeanne d'Arc seront démolis à Bassens par la Société Bartin filiale de Véolia qui avait déconstruit le cargo Matterhorn - Voir le communiqué |
Porte-hélicoptères
Jeanne d'Arc Le site de Landévennec recevra après sa dernière campagne, le porte-hélicoptère Jeanne d'Arc. Il quittera Brest le 2 décembre 2009 pour y revenir le 27 mai 2010 après avoir effectué quinze escales en Atlantique et Pacifique. Il sera désarmé à l'arsenal. Dans un premier temps, le matériel de rechange sera débarqué, ensuite un certain nombre d'équipements et de matériels utilisables sur d'autres navires, puis un inventaire de produits polluants sera effectué. Les archives et le patrimoine du navire seront préservés et transmis au Service Historique de la Marine. Il rejoindra à Landévennec le Colbert et les autres batiments en attente de démantèlement qui s'effectuera selon des réglements internationaux très strictes.
De même que pour le porte-avions Clémenceau, peut-on envisager que la Jeanne d'Arc soit livrée à un chantier anglais pour la démolition? |
Après un bref séjour au quai Malbert, la "Jeanne" à rejoint, le 1er juin, la Base navale où a commencé son désarmement. Tout comme le "Blue Lady", ancien "France", elle a été amputée de son mât radar. Le 12 juillet de nombreux brestois ont assisté à son passage sous le pont de recouvrance pour rejoindre le bassin n° 4 au fond de la Penfeld. Elle devrait y rester jusqu'en septembre. Les hélices ainsi que les arbres seront démontés; Les ouvertures de coque seront bouchées et un carénage effectué. La dernière cérémonie des couleurs est prévue pour le 30 Août.
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Février
- Changement de mouillage. Embossage au fond de la base navale, face à
l'ancien base sous-marine |
Le Matterhorn Le cargo libérien Matterhorn a couple du Captain Starev lors des fêtes maritimes "Tonnerres de Brest". Le premier a été dérouté sur Brest pour pollution en mai 2009, le second en avarie grave de machines fin novembre 2008
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Le Winner
La déconstruction du cargo Winner, pavillon cambodgien, se fera à Brest, la Marine Nationale devrait prêter la forme n°4 de l'arsenal. Le transfert du navire vers un chantier de démolition serait problèmatique vu son mauvais état. Les commandos de la Marine l'avait arraisonné, en juin 2002 au large des Canaries, il était soupçonné de transporter deux tonnes de cocaïne, quatre-vingt-dix kg avait été trouvés à bord. |
Lundi 27 septembre, le cargo
Winner dans la forme n°4 de l'arsenal. Est-ce le début de la démolition
de vieux navires à Brest? Le démantèlement sera effectué
par la Société Ludovic LEGALL de Ploufragan. |
Décembre 2010 - le démantèlement
est en cours |
Février 2011 |
27 février. C'est
presque la fin |
Comme vous pouvez le constater, le fond de la cale et les abords sont propres, rien ne traîne. Comme quoi, en France et particulièrement à Brest, on peut le faire. |
6 mars |
13 mars |
23 mars |
3 Avril |
10 Avril |
Janvier 2012 - Démolition du TK BREMEN Le TK BREMEN cargo maltais victime de la tempête qui a sévi sur les côtes bretonnes s'est échoué sur la plage de Kerminihy le 16 décembre, commune d'Erdeven dans le Morbihan.
Sa démolition a été effectuée en 3 semaines par la société Euro Démolition.
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